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Elevage du chatElevage du chat
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Catherine KRETZ-COUSSEMANT (F), Dr vétérinaire Mars 2001, Mise en ligne 07 août 2006 0 Physiologie sexuellePhysiologie et comportement sexuels chez le chat,
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Le comportement sexuel des chatons mâles se met en place dès l’âge de 3 ou 4 mois au cours des jeux, il n’est pas rare de voir un jeune matou chevaucher un de ses congénères, de n’importe quel sexe. De même il est amusant d’observer un petit chaton tenter de saillir une chatte en chaleurs, deux fois plus longue que lui; certains réalisent une séquence quasi complète, avec morsure au cou et mouvements pelviens.
Les mâles entiers ont un comportement sexuel continu, moins intense toutefois en automne. Ils peuvent s’accoupler avec une congénère en oestrus toute l’année, mais leur activité de recherche des femelles est augmentée dès le début de la période de jours croissants. Cette reprise saisonnière n’est pas strictement liée à la stimulation par les femelles en chaleurs : certains recommencent une recherche active d’une partenaire dès fin décembre, alors que les oestrus ne reprendront qu’en février.
Le mâle est très dépendant de son environnement. Celui-ci doit lui être familier par sa configuration, son odeur (il y dépose des marques olfactives, spray d’urine, frottement des glandes du menton et du front), les personnages et les sons qu’il y remarque.
Certains étalons habituellement actifs, transportés dans un milieu inhabituel, cessent toute activité sexuelle pendant quelques jours à plusieurs mois ; d’autres, plus rares, s’adaptent en quelques heures au point de réaliser une saillie.
En présence d’une chatte en oestrus, l’étalon augmente notablement ses activités de marquage, surtout urinaire.
Si plusieurs mâles vivent ensemble, ou dans les populations de chats libres, l’augmentation de l’irritabilité et le raccourcissement des distances entre mâles augmente les nombre de conduites agressives intra-spécifiques et de combats. L’agressivité vis à vis de l’homme peut elle aussi être accrue (agression par irritation le plus souvent).
La femelle a une activité poly-œstrienne saisonnière (fin de l’hiver, printemps, début de l’été). Le comportement d’œstrus apparaît même en l’absence de mâle.
La chatte en chaleurs s’aplatit sur le sol, creuse les lombes (lordose), patine avec les membres postérieurs, place la queue latéralement en découvrant la zone vulvaire ; une stimulation tactile à la base de la queue augmente les mouvements de patinage. La femelle accompagne fréquemment cette attitude de vocalises et de marquage urinaire. Comme dans le cas de l’étalon, un changement de milieu provoque un arrêt du comportement d’œstrus, durant de quelques heures à 3 ou 4 jours (le plus souvent 24 à 48 heures), accompagné d’agressivité vis-à-vis du mâle inconnu.
En-dehors de la période des chaleurs la chatte supporte la présence d’un mâle à ses côtés mais le chasse s’il tente de la saillir ; ils peuvent jouer ensemble.
Si les reproducteurs ne vivent pas au même endroit, c’est la femelle qui se rend chez le male.
Il est important de mettre les partenaires en contact dès le début des chaleurs (proœstrus ou premier jour d’œstrus). Présentée plus tard, la femelle risque de subir la fin (physiologique) de sa période d’œstrus avant que son adaptation (psychologique) au milieu ne lui permette d’accepter l’accouplement.
Le local où sont mis en présence les reproducteurs et la surveillance exercée doivent empêcher la chatte de se cacher pour éviter l’étalon. Une femelle peureuse ou agressive pourra être placée quelques heures dans une petite cage ou un panier de transport en présence du mâle pour l’obliger à faire connaissance de ce dernier. On administre aux plus rebelles un tranquillisant, à dose aussi faible que possible, sous peine d’altérer le réflexe neuro-hormonal responsable de l’ovulation à la suite du coït.
Après des prémices plus ou moins longs, l’acte sexuel lui-même est rapide.
Le chat circule autour de la femelle, qui se trouve immobile en position ramassée si elle est effrayée, en posture typique d’œstrus si elle est consentante ; il la flaire, réalise des flehmens (mimiques lui permettant d’analyser les odeurs et phéromones grâce à son organe de Jacobson, situé dans le palais dur en arrière des incisives) ; il émet des miaulements doux et roucoulants (contrastant avec les clameurs du mâle qui recherche une partenaire) et tente des approches par trois quarts arrière. Entre deux chats qui se connaissent et dans un environnement familier, les prémices peuvent se réduire à rien : lorsqu’on introduit la femelle dans le logement du mâle, celui-ci est déjà sur elle au moment où ses coussinets touchent le sol ! A l’inverse, si les partenaires ne se connaissent pas et que la chatte est apeurée, les travaux d’approche de l’étalon peuvent durer plusieurs heures à plusieurs jours.
L’étalon, dès que la diminution de l’agressivité de la chatte le lui permet, la flaire, l’approche latéralement, la chevauche d’un mouvement vif accompagné d’un miaulement ou d’un roucoulement, et saisit entre ses dents la peau de la femelle en avant du garrot. Cette prise a pour effet d’immobiliser la femelle en oestrus.
La chatte expose sa vulve et patine avec les membres postérieurs. Si elle y manque, l’étalon la remet en place par des coups de patte de ses propres postérieurs.
L’intromission du pénis, muni de papilles cornées, immédiatement suivie par l’éjaculation, se reconnaît aux signes suivants :
Certains étalons maintiennent leur prise quelques secondes, d’autres lâchent immédiatement la peau du cou de la chatte.
Le mâle s’éloigne et procède après quelque temps à la toilette de ses organes génitaux, tandis que la femelle manifeste une intense excitation, se roule convulsivement, puis lèche sa vulve, se gratte et se toilette.
La plupart des chattes résistent à un nouvel accouplement et se montrent agressives avec les mâles durent une vingtaine de minutes ; certaines femelles toutefois acceptent très rapidement une nouvelle saillie, dès la fin de la période d’excitation. Le mâle, lui, respecte en général une période de repos de 5 à 15 minutes avant de tenter une nouvelle saillie.
La stimulation des zones génitales déclenche un réflexe neuro-hormonal, à l’origine d’une libération de LH par l’anté-hypophyse, responsable de l’ovulation. Ce mécanisme n’est généralement mis en jeu qu’après plusieurs accouplements d’une durée suffisante ; à l’opposé, une chatte sur cinq est capable d’ovulation spontanée, sans mise en présence de mâle ni accouplement, ce qui peut expliquer certains cas de chaleurs rares ou de pseudo-stérilités.
Les cas d’anomalies physiques (malformations, hermaphrodisme) sont rares.
La monorchidie (cryptorchidie unilatérale) n’empêche pas la réalisation d’un accouplement ; la cryptorchidie bilatérale, s’accompagnant d’anomalies endocriniennes, le fait.
Dans les races à poil long, un anneau de poils peut se constituer autour du pénis de l’étalon et gêner mécaniquement l’accouplement, voire provoquer une irritation de l’organe.
Dans certaines races, notamment persans et dérivés (Exotic, British S.H.), la maturité sexuelle peut survenir tard (3 ans et plus) : des sujets ayant une apparence générale et une stature adultes, soit sont en fait impubères et présentent un faible développement des organes génitaux, soit sont physiquement matures mais présentent un retard à la mise en place du comportement sexuel mâle.
Toutes les affections endocriniennes peuvent avoir des répercussions sur la fonction de reproduction et le comportement sexuel. Exemple : syndrome de Cushing et hyposexualisme, sertolinome (tumeur de cellules du testicule sécrétant des hormones femelles) et perte de la libido d’un étalon...
L’obésité inhibe fréquemment le comportement sexuel.
Un abcès en région testiculaire provoque une stérilité temporaire, ainsi parfois que des difficultés reproductrices. De même, toutes les affections douloureuses de l’appareil génito-urinaire mâle (calculs urinaires, inflammation ou infection de la zone ano-génitale) contrarient le comportement sexuel mâle.
Diverses anomalies du caryotype s’accompagnent de troubles de la fonction de reproduction.
Exemple : syndrome de Turner (caryotype X0).
Certains médicaments ont des effets secondaires sur la fonction de reproduction. Il s’agit en particulier :
Les causes citées ci-dessus sont étroitement imbriquées avec les problèmes comportementaux; en matière sexuelle tout particulièrement, le comportement est lié à l’état physique, physiologique et pathologique du sujet. C’est pourquoi, dans le cas où des reproducteurs rencontrent des problèmes pour s’accoupler et concevoir une nichée, il est important d’éliminer d’abord toutes les causes précédentes. Ensuite seulement on s’intéressera aux causes comportementales « pures ».
Les troubles par excès sont rares ; il est plus fréquent de se heurter à un manque d’intérêt pour le reproducteur de sexe opposé, ou à des échecs de réalisation de l’accouplement.
Certains mâles tentent de chevaucher tout individu passant à leur portée, quel que soit son sexe et son état physiologique. Cette habitude peut avoir pour conséquence des blessures du sujet convoité au niveau du garrot, point de prise des dents du mâle entreprenant. En général l’expérience met un terme à ce comportement. Ganivet signale que l’administration de Librium inhibe ce comportement et peut être utilisé pour ménager un étalon dans une chatterie surpeuplée.
En élevage la plupart des étalons ne sont pas entretenus au milieu des autres animaux ; ce problème n’est donc guère rencontré.
De nombreuses jeunes femelles, surtout dans les races prédisposées (Orientales, Sacrées de Birmanie) manifestent lors de leur(s) première(s) année(s) à l’élevage des cycles très rapprochés (diœstrus très court), à tel point que le propriétaire a l’impression que les chaleurs ne s’arrêtent jamais, ce pendant plusieurs mois. Cet état est physiologique et ne menace pas la fertilité de la femelle. L’inconvénient pour les chattes ne devant pas être saillies immédiatement est que certaines d’entre elles ne s’alimentent plus et prennent un aspect misérable : maigreur, poil piqué, alopécie sur les flancs et la base de la queue.
Des chattes, généralement plus âgées, possèdent sur leurs ovaires des kystes ovariens sécrétants. Sous l’effet de l’imprégnation œstrogénique, ces femelles présentent un comportement d’œstrus permanent et exacerbé, ainsi que les troubles associés. Une ovariectomie résout le problème.
La surpopulation est dans tous les cas l’ennemie d’une reproduction
efficace et facile. La conséquence de la surdensité est un stress chronique,
d’où un hyperfonctionnement adrénocortical et une dépression des fonctions
de reproduction. Dans les élevages surpeuplés on constate que de nombreuses
chattes présentent des chaleurs furtives, inapparentes ou absentes, et parfois
que la libido des mâles diminue.
Attention : point n’est besoin de posséder vingt chats dans un F2 pour parler de surpopulation : pour certains
individus, un petit nombre de compagnons peut déjà être excessif. Le chat
peut vivre en groupe, mais a besoin, pour y mener une existence paisible, de
disposer d’un espace organisé en aires de repos, de nourriture, de jeux,
etc... Dans un élevage, l’installation d’arbres à chat ou d’étagères,
en réorganisant l’espace, peut résoudre un problème de reproduction.
Les principales inhibitions sont liées au milieu. Le chat est un animal territorial ; pour réaliser une saillie, il a besoin de se trouver dans son environnement habituel, qui lui est familier par sa configuration et par les balises odorantes (marquage facial et urinaire) qu’il y a laissées ; les habitants (humains, autres chats, animaux) et les sons font eux aussi partie de ce milieu familier.. La plupart des étalons habituellement actifs, transportés dans un milieu inhabituel, cessent toute activité sexuelle pendant quelques jours à plusieurs mois ; d’autres, plus rares, s’adaptent en quelques heures au point de réaliser une saillie ; ce sont généralement des chats expérimentés, habitués à saillir des chattes étrangères. En cas de déplacement obligatoire de l’étalon, l’utilisation de phéromones d’origine féline peut se révéler intéressante.
La socialisation intra-spécifique est de première importance. Certains éleveurs confinent leur futur étalon dès son plus jeune âge dans une case (voire une cage !) destinée à l’héberger durant sa vie de reproducteur. Le jeune mâle a besoin de partager des jeux et d’autres activités avec des congénères, faute de quoi, non socialisé aux autres chats, il ne s’approchera pas de la femelle en oestrus pour la saillir.
Les jeunes chats inexpérimentés ont tendance à aborder sans civilités une femelle en oestrus ; la femelle, brusquée dès son arrivée, les repousse violemment ; effrayés par ses rebuffades, ils n’osent plus l’approcher par la suite. Ils peuvent mémoriser cette expérience négative et refuser ultérieurement de saillir même des femelles réceptives.
Si le mâle réalise correctement les premières phases de la saillie, intromission comprise, mais se sauve dès que la chatte grogne ou crie, la stimulation des voies génitales femelles peut être insuffisante pour provoquer l’ovulation.
Certains étalons ont une libido faible. Ils sailliront peut-être une chatte familière et de tempérament calme, mais éviteront une femelle étrangère peu démonstrative ou agressive, ou encore une chatte connue qui leur est "hiérarchiquement" (si l’on peut employer ce mot pour le chat) supérieure (leur mère en particulier).
Il ne faut pas confondre un étalon à faible libido et un chat encore immature ; quelques individus ne deviennent capables de réaliser un accouplement qu’à l’âge de deux ou trois ans ; ils appartiennent souvent à la race persane et à ses dérivés, mais cet infantilisme psychologique peut se retrouver dans toutes les populations félines.
L’expérience joue un grand rôle dans la réalisation d’une saillie. Un chat accoutumé à cette activité sait attendre que la femelle soit suffisamment réceptive pour être saillie sans peine. Il est utile de l’habituer à accepter la présence d’un humain pour superviser l’accouplement. Certains étalons sont capables de saillir alors que leur maître maintient la chatte, ce qui peut se révéler fort utile dans le cas de femelle récalcitrante, certains attendant même que la chatte soit ainsi immobilisée afin de prévenir toute réaction défavorable.
Un jeune étalon doit d’abord être utilisé pour les reproductrices de l’élevage ; cela a le double avantage de lui apprendre son métier avec des femelles faciles, et d’éviter de proposer à la monte publique un chat dont on ne sait pas s’il est capable de saillir ni si ses produits seront corrects. Ce n’est que lorsque l’éleveur saura pouvoir lui faire confiance qu’il le proposera pour des saillies extérieures.
Plusieurs obstacles psychologiques peuvent empêcher la saillie du fait de la femelle.
Les chattes peu socialisées, vivant seules (socialisation intra-spécifique) en claustration en compagnie de leur humain (socialisation inter-spécifique) peuvent être trop effrayées par la présence d’un congénère, voire d’un humain inconnu, pour accepter le contact avec l’étalon. La peur prend le pas sur l’attirance sexuelle, rendant la saillie impossible, soit temporairement (mais suffisamment pour reporter l’acceptation au-delà de la période physiologique), soit définitivement. L’administration, avec l’accord du propriétaire, d’un sédatif léger peut faciliter les premiers contacts ; n’oublions pas que la chatte appartient à une espèce à ovulation provoquée, il est donc important de na pas déprimer le système nerveux pour permettre la réalisation du réflexe neuro-hormonal. Ici encore les phéromones pourraient se révéler utiles.
La conception du local de saillie est très importante. Si la pièce est vaste et offre des possibilités de se cacher, nul doute qu’une femelle effrayée va passer tout son séjour blottie dans un coin inaccessible. Il est préférable que les partenaires soient mis en présence dans un petit local, laissant libre accès et libre circulation à l’étalon.
Certains sujets sont peu immobilisés par la prise de la peau en avant du garrot. On peut le constater dès le jeune âge en les manipulant : soulevés par cette portion cutanée, au lieu d’être passifs et relaxés ils se défendent et s’agitent ; donc l’immobilisation de la femelle par le mâle est peu efficace et l’immobilisation difficile. La chatte, au lieu de s’aplatir sur le sol et de patiner, adopte des positions variées (sur le côté, sur le dos), essaie de se dégager en marchant, ce qui rend l’accouplement acrobatique. A l’inverse, quelques étalons se révèlent incapables de mordre la chatte au cou et saillissent en cheminant... Cette incapacité de l’étalon à maintenir la femelle n’est pas un obstacle à l’accouplement chez une femelle consentante, mais peut rendre impossible la saillie d’une chatte difficile.
L’attention du propriétaire du mâle, responsable de la saillie, peut lever les obstacles liés à la femelle. En empêchant la chatte de se cacher, il facilite l’approche de l’étalon et la diminution de la crainte de la femelle. En la tenant, il permet au mâle (si celui-ci l’accepte) de la chevaucher et améliore l’immobilisation de la chatte par la prise au cou.
Dans l’espèce féline, des comportements sexuels considérés comme gênants ou pathologiques sont en fait parfaitement normaux ; quelques connaissances concernant la physiologie et la psychologie du chat permettent des accouplements fertiles entre reproducteurs de bonne volonté.
Bibliographie :
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