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Véronique DUBOS
Décembre 2002, mise en ligne 28 mars 2005
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Introduire le colourpoint
Créer une variété colourpoint dans une race de chat
Vouloir créer une variété colourpoint dans une race quelle qu’elle soit,
c'est se poser la question : comment garder l’allèle "cs" du Siamois et rejeter sa morphologie.
- Théoriquement, c’est très simple, le résultat est obtenu en deux générations, il ne reste plus ensuite qu’à fignoler le type.
- La base génétique est parfaitement connue.
- En pratique, tout n’est pas si simple :
- Quelques difficultés peuvent apparaître (composition des portées ne correspondant pas aux statistiques, consanguinité et fixation d’un type médiocre)
- Quelques écueils sont à éviter (notamment dans le choix de F2)
- Et beaucoup de travail est à prévoir pour obtenir un type satisfaisant (travail de groupe et de longue haleine)
Sur le papier, le programme est le suivant :
1. Introduire l’allèle "cs" dans la race R
Il suffit de marier un chat de race R, non colourpoint ("CC") avec un Siamois, colourpoint par définition ("cscs").
=> Tous les chatons obtenus en première génération sont entièrement colorés mais obligatoirement porteurs de colourpoint ("Ccs").
Siamois |
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Race R |
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F1 |
|
X |
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=> |
100 % => élevage |
2. Faire apparaître la couleur
Il s’agit de marier 2 chats porteurs de "cs", c’est à dire 2 chats de la première génération.
=> Statistiquement, 1/4 des chatons obtenus sont colourpoint ("Ccs").
F1 |
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F1 |
|
F2 |
|
X |
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=> |
25 % => élevage |
75 % => compagnie |
3. Travailler le type en gardant "cs/cs"
On se rapproche du type de la race R par un travail de sélection classique,
en gardant pour la reproduction les chats les plus typés. Schématiquement, le
plan est sur deux étages. Une génération pour améliorer la morphologie,
l’allèle récessif étant automatiquement conservé, la génération suivante
visant à faire ressortir l’allèle "cs" :
1/ Le chat hybride de 2ème génération est colourpoint ("cscs")
et possède grosso modo moitié de gènes Siamois, moitié de gènes de la race
R. Il est marié avec un chat de race R très typé.
=> Cela permet d’obtenir 100% de chatons colorés mais porteurs de colourpoint ("Ccs").
Sauf malchance notable, leur type s’approche plus du type souhaité (celui de la race R) que du type du Siamois.
F2 |
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Race R |
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F3 |
|
X |
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=> |
100 % => élevage |
2/ Les plus typés, remariés entre eux, donneront 1/4 de chats colourpoints,
parmi lesquels on conserve les plus typés que l’on marie à un chat de race R
très typé ; etc. Jusqu’à ne conserver du Siamois que son patron coloré !
F3 |
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F3 |
|
F4 |
|
X |
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=> |
25 % => élevage |
Fx |
X |
Fy |
=> |
Fz : la réussite ! |
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Ce qui correspond au niveau génétique à :
Siamois
- "cs/cs" = colourpoint
- morphologie de type oriental
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Chat "cs/cs" |
Chat "C/C" |
Race R
- "C/C" = entièrement coloré
- morphologie de la race R
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Gamète "cs" |
Gamète "C" |
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1 ere génération = F1
- 100% "C/cs" = entièrement coloré porteur de colourpoint
- morphologie de type intermédiaire
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Chat "C/cs" |
Chat "C/cs" |
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Gamète "cs" |
Gamète "C" |
Gamète "cs" |
Gamète "C" |
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2 ème génération = F2
- 25% "cs/cs" = colourpoint, avec une morphologie de type intermédiaire
- 75% de "C/cs" et "C/C", indiscernables
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*** Chat "cs/cs" |
Chat "C/cs" |
Chat "C/cs" |
Chat "C/C" |
Figure 1 : Obtention d’un chat colourpoint en deux générations.
En pratique : problèmes et "solutions"
Pour pouvoir progresser rapidement, un tel programme d’élevage doit être
conduit de manière raisonnée. Dans le cas contraire, la nouvelle variété
ainsi créée stagne lamentablement.
Premier problème : Ne garder que des chats au moins porteurs de l'allèle intéressant
L'impératif
- Il ne faut maintenir dans le programme d’élevage que des chats colourpoint
("cscs") et des chats dont on est certain qu’ils sont porteurs de
"cs" (c'est à dire issus d'un colourpoint). Cette contrainte entraîne l’apparition d’un sérieux goulet
d’étranglement qui revient toutes les deux générations.
- Garder dans le programme d’élevage ces chats de génotype inconnu ( "Ccs" ou "CC") conduirait à
garder beaucoup d’animaux, à se disperser et à perdre beaucoup de
temps pour rien puisque, au mieux, le chat est porteur ("Ccs") donc on
stagne au stade F1, au pire il n’est pas porteur ("CC") et on
revient au point initial moins le type …
Le problème
- Statistiquement, en 2ème génération (F2), on obtient 1/4 de
colourpoint. Mais bien sur, le raisonnement étant statistique, dans
une portée, ça peut très bien être zéro chatons
colourpoint ! Donc une portée pour rien puisque, en toute
logique, il ne faut pas conserver les F2 colorés, mélange
indiscernable de "Ccs" et de "CC".
La "solution"
- De la rigueur : ne jamais garder un chat dans le programme
d'élevage en se disant que peut être, éventuellement, sait-on
jamais, il pourrait etc.
- Un minimum de chance !
- Débuter avec un nombre suffisant de chats, de manière à ne pas
faire mentir les statistiques qui sont toujours justes sur un effectif
suffisant. Cela signifie soit un éleveur avec beaucoup de chats, soit
plusieurs éleveurs qui collaborent au même projet.
Deuxième problème : La variabilité génétique nécessaire
L'impératif
- Ne pas se retrouver bloqué par une consanguinité excessive
Le problème génétique
- Pour ne pas perdre l’allèle "cs", il faut marier régulièrement
des chats porteurs entre eux (voire, dés que cela devient possible, avec un chat
colourpoint). Or tous ces chats sont plus ou moins apparentés. Une certaine
consanguinité est généralement inévitablement (sauf à s’appeler Crésus
et à disposer d’un nombre important de chats) mais autant limiter les excès.
Le problème financier
- L’aspect financier n’est pas à négliger : les premières générations sont un peu disons tartignoles,
elles disposent au mieux de "pedigrees" RIEX, bref, pour quelques chatons génétiquement
précieux qui restent dans le programme d’élevage, les autres sont bradés en
chats de compagnie …Ils font le bonheur de leur propriétaire mais ont coûté cher à leur éleveur.
La "solution"
- Un éleveur isolé peut, bien sûr, travailler seul, mais mieux vaut partir
à deux éleveurs, voire davantage.
- Pour créer la deuxième génération, si, sur le papier, un mariage frère s½ur
donne bien le résultat souhaité sur le plan de la couleur (apparition de chats "cscs"), il est
préférable de procéder autrement. Cela suppose de démarrer le programme
d'élevage avec 2 mariages différents de chats non apparentés
(Siamois n°1 x chat race R n°1 et Siamois n°2 x chat de race R n°2), de manière
à disposer de deux chats F1 non apparentés.
Troisième problème : L’obtention du type
L'impératif
- Retrouver le type de la race d'origine, le tout sans perdre le patron colourpoint.
Le problème
1 - Pouvoir réellement choisir les futurs participant au programme d'élevage
- L'introduction du Siamois, de type longiligne, s'accompagne
forcement d'une importante modification du type morphologique des
chatons issus des premiers mariages. Le type de la 1ère
génération tend à être intermédiaire entre les deux races
initiales. Il vaut donc mieux partir d’un chat de race R très
typé et d’un Siamois peu typé.
- Les 25% de chats colourpoint obtenus en 2ème génération ont
encore statistiquement moitié de gènes de R, moitié de gènes
Siamois. Le type s’en ressent donc. Néanmoins, toujours
statistiquement, certains sont plus proches du type R, d’autres
plus proches du type Siamois. Encore faut-il avoir au moins 2 chats
pour pouvoir juger !
- Travailler le type, cela consiste en un travail de sélection
"classique" et suppose un choix réel, non pas garder tel
chat parce que c’est le seul de la bonne couleur. Là encore, on
voit l’intérêt de travailler sur un nombre suffisant de chats
pour pouvoir sélectionner les animaux les plus proches du type
souhaité.
2 - Existence d'une variabilité génétique suffisante pour pouvoir évoluer
- La sélection ne peut être efficace que si le pool génétique de
la nouvelle variété comprend les éléments recherchés. Si tous
les chats ne sont que des "clones" les uns des autres
(trop consanguins) ou si les chats de départ n'avait pas un très
bon type, la sélection sera inefficace.
La "solution"
- Un bon sens de l'élevage (choix des chats, choix des mariages)
- Un nombre de chats suffisant, et une bonne coopération entre les
éleveurs concernés.
En conclusion, tout cela suppose bien sur un programme d’élevage clair, un nombre de chats suffisant, et une part de chance…
Remarque :
Cette démarche est plus généralement celle consistant à introduire un allèle
récessif dans une race qui en est dépourvue. Le même raisonnement tient donc
pour n’importe quel facteur récessif : poil long, couleur cinnamon, poil
frisé, ou autre, avec les mêmes contraintes.
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